PROJET COGIR POUR UNE ARCHITECTURE QUI NOUS RESSEMBLE

Dans la saga entourant l’avenir de l’îlot Natrel, l’Association des propriétaires de Saint-Bruno (APSB) aimerait établir un certain nombre de constats, puis émettre une suggestion constructive.

D’abord, il convient de reconnaître qu’une importante frange de la population montarvilloise souhaitait voir, en cet emplacement, une mixité d’usages permettant le croisement des genres et des intérêts, dans le respect de la nature villageoise du site. Par mixité d’usages on entend ici des commerces, du logement et des services qui ceinturent une place publique propice à la convergence d’activités culturelles et festives. Or, il n’en est rien. Le site sera dominé par du logement institutionnel, assorti de quelques commerces. Projet COGIR 1, population 0.

À défaut d’une mixité d’usage, la population était en droit de demander alors une mixité commerciale où se côtoieraient les boutiques de tout genre, les restaurants pour tous les goûts et portefeuilles et les bureaux d’affaires; le tout se mélangeant harmonieusement avec du logement locatif et privé ainsi qu’une place publique, permettant les rencontres intergénérationnelles et les croisements culturels. Malheureusement, la raison d’affaire dictera très probablement un type de commerces dominant : celui répondant surtout aux besoins du bel âge, comme dans le cas du Manoir. Projet COGIR  2, population 0.

Malgré son retard dans le pointage, encaissant les coups, la population croyait que le bâtiment institutionnel serait au moins limité dans sa hauteur afin d’en diminuer les désagréments visuels et limiter l’achalandage dans le voisinage. Elle avait de bonnes raisons d’y croire et de marquer enfin un point car le PPU et le programme du parti élu promettaient un maximum de quatre étages, en recul. Or il s’avère que le bâtiment pourra maintenant compter cinq étages, malgré les promesses. Projet COGIR  3, population 0. 


Mais la population pourrait revenir dans le match en évitant le blanchissage, en visant au moins une défaite honorable. C’est ici que l’APSB voudrait émettre une suggestion. 



À défaut d’une mixité d’usages, ne pourrait-on pas éviter l’érection d’un bâtiment institutionnel monolithique au profit d’une mixité architecturale? Ne pourrait-on pas faire en sorte, qu’à hauteur d’homme (échelle humaine), les façades au rez-de-chaussée arborent des matériaux différents, une fenestration irrégulière et du relief variés, à la manière d’une rue commerciale d’un village d’antan ou d’une place publique de type européen, dans le prolongement de la place du Village? On pourrait même aller jusqu’à scinder l’édifice monolithique en deux ou trois bâtiments, à la manière d’un campus universitaire. Ainsi, celui qui déambule n’aurait pas l’impression de violer la propriété d’une institution mais bien de fréquenter un lieu invitant et chaleureux.  Le passant non avisé ne se rendrait même pas compte qu'il traverse un seul et même établissement institutionnel.  Ainsi, si le projet ne contient pas assez de mixité aux yeux de certains, au moins il aurait l'air d'en offrir! Projet COGIR  3, population 1.

Qui plus est, le plan prévoit présentement un passage pédestre à quelques mètres de la rue Rabastalière, dont il suit la trajectoire de façon parfaitement parallèle. Ce nouveau sentier est donc  inutile car il ne permet pas un raccourci vers la rue Roberval. Pourquoi ne pas prévoir un passage orienté de façon plus naturelle, en diagonale, à la manière d’un sentier de chevreuils, joignant l’utile à l’agréable? Après tout, pour qu'un passage piétonnier soit utilisé et attire les gens à s'y prélasser, non seulement faut-il qu'il soit attractif, mais il faut d'abord et avant tout qu'il soit pratique en offrant une trajectoire qui permette les raccourcis. Projet COGIR  3, population 2.

La  population ne peut gagner le match. Il faut donc prendre acte du fait que le propriétaire est dans ses droits de présenter un projet d’affaires qui soit conforme à la règlementation municipale ainsi qu’au Guide Architectural. On peut même accepter qu’il gagne un étage, mais il doit compenser.

Et cette compensation doit inclure des trompe-l’œil qui vont dans le sens du caractère villageois des lieux et des préférences de la population. En portant ainsi son regard vers l’avant plutôt que de contester les buts de la partie adverse, l’APSB cherche à marquer quelques points qui résulteraient en un compromis acceptable pour tous. Il reste encore du temps à la partie, tout n’est pas complètement perdu. Il faut simplement ajuster notre jeu…